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Chapitre I - Préparations à l'expédition au Nord-Est de Madagascar






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Musée de la Marine, Paris.


    Francesca Verrazone est archéologue spécialisée dans l'archéologie navale, un goût hérité de son père Giuseppe Verazzone, lui même archéologue au Laboratoire de Recherche en Archéologie Sous-Marine de Marseille.

    Ce jour du mois de Mai, Francesca Verrazone donne une conférence sur les fouilles menées jusqu'à fin septembre au cœur des îles de l'océan Indien. Cette expédition, qui, au terme de longues recherches sur la construction et l'histoire navale du XVIIIème siècle mènera l'équipe de recherche à découvrir un butin, peut être celui du capitaine Olivier Levasseur, l'une des plus grandes fortunes jamais réalisées par des pirates.

    Les personnes conviées à la conférence étaient essentiellement composée d'archéologues, de directeurs, de responsables de départements, de laboratoires et d'instituts de fouilles archéologiques de la France entière. Peu d'archéologues de terrains ni de plongeurs excepté Ritchie Baneto, en quelque sorte le mentor de Francesca. Ritchie Baneto et Francesca Verrazone ont fait leurs études ensemble. Ils ont fréquenté il y'a dix ans les mêmes cours d'archéologie à l'Université de Marseille, lui il était professeur, elle, elle faisait sa thèse en Archéologie Navale.

    Épaulée par son père qui était exceptionnellement sorti de sa bibliothèque de Marseille, Francesca Verrazone explique d'une voix posée les détails des recherches que l'équipe va conduire de juin à septembre lors de l'expédition à l'île Sainte-Marie de Madagascar. L'audience, captivée par le regard et les manières de cette jolie brune italienne, plongea dans une ambiance d'aventure du bout du monde. En guise de présentation et d'introduction, Francesca commença par expliquer son futur rôle dans l'équipe de rédaction à la Revue Trésors Archéologiques, son enquête sur le terrain à la rédaction d'une première ébauche d'article début juin.

    D'une voix parfois expéditive Verrazone commença la narration de ses études préparatoires menées de Lisbonne à Brest. Elle expliqua les recherches sur les navires de la Compagnie des Indes Orientales ainsi que toutes les notes qui constituaient le dossier de fouille, et ceci sans omettre le moindre détail historique

- Il y a un an environ nous avons décidé de parcourir les Archives Nationales Portugaises de la Torre do Tombo à Lisbonne. Nous avons préparé un dossier dont le but était de collecter un maximum d'informations concernant un vaisseau faisant la route de retour des Indes Orientales, un Vaisseau Amiral de la flotte Portugaise au XVIIIème siècle. Notre travail se base donc essentiellement autour de plusieurs navires : le vaisseau portugais la Nossa Senhora do Cabo encore appelé La Vierge du Cap transportant un butin royal, la Ville d'Ostende et la Duchesse de Noailles attaqués pour leurs vivres et enfin le Victorieux et le Cassandra les bateaux pirates. Ces vaisseaux de guerre et marchands nous permirent de rédiger un dossier complémentaire pour la Revue remontant sur les traces du pirate Olivier Levasseur.

L'enquête sur le dernier voyage de la Nossa Senhora do Cabo débutait par le départ du vaisseau depuis le comptoir de Goa aux Indes Orientales (Malabar). Le vaisseau revenait d'une campagne d'expéditions peu fructueuse contre l'Indien Angria. Le navire fut par la suite pris dans un cyclone qui l'amena quasiment à sa perdition avant de terminer par son escale malencontreuse à l'Isle de Bourbon. La dernière question que les fouilles sous-marines devront élucider concerne le devenir de la Nossa Senhora do Cabo après l'abordage des deux pirates Olivier Levasseur et John Taylor en avril 1721.

- Si nous retrouvons la piste de la Nossa Senhora do Cabo, nous retrouverons le précieux butin archéologique dont les diamants ainsi que des informations précieuses sur la fin des pirates du XVIIIème siècle dans la Mer des Indes. La Nossa Senhora do Cabo jaugeait huit cents tonneaux et soixante-dix canons, le mobilier archéologique comme les ancres, gréements, calibres et variétés des canons nous donnerons sans équivoque l'identification d'un vaisseaux de cette ampleur.

Verrazone continua les explications sur les travaux de recherche préliminaires qu'a conduit l'équipe.

- Nous nous sommes intéressés aux lieux de naufrages des bateaux autour des îles Mascareignes. Les cimetières marins connus se situaient notamment sur les hauts fonds autour de Sainte-Marie. Les tempêtes et les ouragans projetaient les navires sur les récifs quand ils ne talonnaient pas sur des hauts fonds de sable de Nazaret ou de Saya Matha. L'étude des cartes anciennes nous montra que les Routes des Indes Orientales convergeaient toutes avant de passer le Cap de Bonne Espérance en un lieu situé dans un rectangle allant de Madagascar jusqu'à l'Isle de France. Ce lieu de convergence se nommait les Isles Mascareignes. Les bateaux de la Compagnie des Indes Orientales regagnaient principalement leur route de navigation à l'Est de l'Isle de France pour naviguer le long de l'Isle de Bourbon. Ces deux îles étaient stratégiquement intéressantes. Elles permettaient de faire une halte entre les côtes de Malabar et l'Afrique pour le ravitaillement en vivres frais et en eau avant de passer le Cap de Bonne Espérance et de remonter les côtes d'Afrique. Ces routes en convergeant ainsi rejoignaient le sens des alizés ce qui permettait de parcourir la distance de l'Isle de France au Cap de bonne Espérance en quelques semaines seulement.


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Carte universelle du commerce des Indes. La convergence des routes de retour des Indes dans les Mascareignes était propice
aux mauvaises rencontres. Les alizés procuraient aux forbans un moteur rapide vers Sainte-Marie.


    Cependant, si cette route maritime convenait très bien pour le commerce, elle convenait d'autant mieux aux pirates de la Mer des Indes. Les frégates et autres sloops étaient chargés de valeurs d'échange à l'aller (or, argent), et revenaient chargés de leur richesse (matières précieuses, or, argent, diamants ,épices, tissus et bois) quelques mois plus tard. En bon marins, les pirates mouillaient entre l'Isle de France et l'Isle de Bourbon et restaient à l'affût de leur proies. Parfois des marins qui parlaient trop, accoudés aux comptoirs des tavernes, révélaient les prochains passages dans les Mascareignes et les oreilles bouclées d'un anneau d'or n'en perdaient pas une miette. Ainsi, les réseaux d'informations fonctionnaient déjà à l’époque, les tavernes et les ports permettant parfois de connaître les bonnes proies. La plupart du temps, les pirates agissaient au petit bonheur la chance. Ils mettaient à la hune le matelot qui avait la moins pire des vues et ils scrutaient ainsi les voiles marchandes, évitaient les voiles militaires et les brisants. La destination très courue des pirates était l'Isle de Sainte-Marie (ou Nosy Bohara ou encore Nosy Ibrahim). Sainte-Marie offrait des lieux de mouillage idéaux pour se mettre à l'abri des vents, tempêtes et cyclones, les alizés permettaient d'atteindre rapidement les côtes de Madagascar et il était ainsi facile de ne pas se perdre. De plus l'Isle Sainte Marie cache la Baie d'Antongil, lieu technique d'accès mais procurant une protection et des possibilités de ravitaillement en eau et en bois idéales.

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