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Chapitre II - Dans le sillage de la Nossa Senhora do Cabo







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Torre_do_Tombo
Les Archives Nationales Portugaises de la Torre do Tombo.
 LISBOA - Portugal (1)

Musée de la Marine, Paris. Le même jour


    De ces premières études aux Archives Nationales de la Torre do Tombo à Lisbonne, Verrazone et Baneto partirent ensuite au département de la cartographie consulter la carte de navigation entre l'Isle de France et l'Isle de Bourbon. Ces eaux regorgeaient d'épaves de navires pillés, sabordés, brûlés, coulés quand ils ne finissaient pas par s'échouer contre les récits de quelques îles. Pour les rares bateaux qui ne faisaient pas trop d'eau, ils arrivaient à finir leur course vers Madagascar. Les pirates échangeaient volontiers leur navire contre une de leurs prises si celle-ci disposait d'un bon carénage, d'une coque fine, rapide et manœuvrable pour gagner sur les proies et distancer les escadres anglaises. Les bateaux marchands étaient plutôt taillés pour les grandes traversées et disposant d'un fort tonnage, ils étaient peu manœuvrants et n'avançaient pas très bien par vent léger. Avantage donc aux navires rapides, les frégates, les sloops et les brigantins. C'est ainsi que de nombreuses épaves de bateaux pirates disposaient à leur bord de canons de calibres et d'origines variés. Verrazone illustrait ses propos par de multiples dessins de frégates, des cartes anciennes et des références aux techniques de construction de l'époque du XVIIIème siècle.

- Vous pouvez imaginer combien la datation de l'épave sera difficile avec des indices aussi variés tant en ce qui concerne les provenances que les dates et les civilisations - lança Verrazone au premier rang réceptifs par sa présentation. Parmi les vaisseaux dont Olivier Levasseur fut Capitaine, il y eut La Reine des Indes. Elle s’échoua lors d'une tempête en 1720 sur les côtes de Mayotte. Son épave, disloquée sur les récifs fut entièrement détruite et réutilisée par les pirates pour fabriquer un canot ponté. Le 25 juillet 1720, reprit-elle en se tournant vers l'écran de projection, le Combat d’Anjouan entre l'anglais Mckara et les pirates fut très sanglant, marquant de lourdes pertes au sein des deux équipages. Les pirates finirent par vaincre l’Anglais et par la suite Levasseur fut nommé capitaine du Victorieux. Taylor à bord du Cassandra et Levasseur à bord du Victorieux partirent à l'abordage de Nossa Senhora do Cabo durant le combat de Saint Denis à l’Isle de Bourbon le 26 avril 1721.

- Mademoiselle Verazzone, s'exclama une personne du premier rang. Nous savons déjà tout ceci, auriez vous des résultats préliminaires que nous ne sachions pas ?
- J'aimerais terminer ma présentation avant d'en venir aux questions-réponses.
- Vous ne présentez pas les pièces découvertes que votre chers collégue Ritchie Baneto nous a expédié lors de sa campagne de fouille l'année passée sur le même site de Sainte-Marie.

    Ritchie Baneto semblait étonnement jubiler par cette interlude en sa faveur. Francesca Verazzone, se sembla trahie mais sans se laisser décontenancer, enchaîna sur la suite de sa présentation. De là commença la véritable enquête parmi les archives maritimes portugaises, les récits de voyage et les lettres des capitaines à leur Roi. L'espoir de retracer le dernier voyage de la Nossa Senhora do Cabo après son abordage serait une aide précieuse pour lancer les fouilles.


- Avant d'en venir à la présentation des résultats préliminaires, permettez moi de continuer la présentation de la constitution de notre dossier de fouille. Comme vous le verrez il s'agit de points essentiels pour l'identification de l'épave. Nous avons consulté la liste des bateaux appartenant à la Marine Militaire Portugaise et j'ai trouvé La Nossa Senhora do Cabo vaisseau amiral de la flotte portugaise. De son nom de baptême La Nossa Senhora do Cabo e Sao Pedro de Alcantara, il s'agissait d'une frégate royale armée de soixante-douze canons sur deux ponts, d'une jauge de mille-quatre-cent tonneaux et constituait une pièce majeure de la flotte portugaise. Cette frégate de guerre fut construite en 1710 dans des chantiers navals hollandais de Jan van Reenen à Amsterdam. Reprodução do manuscrito
Reproduction du manuscript écrit par par
D. João Fernandes de Almeida,
Capitaine Général de l'Armée du Détroit  (3)

   Cette frégate royale fut baptisée suivant les sources la DNS Zeelandia, DNS Gelderland ou encore DNS Galderland. Ce fut un navire de guerre de deuxième classe et fut achetée et renommée la Nossa Senhora do Cabo par le Portugal en 1717. C'est donc en 1721 que la Nossa Senhora do Cabo deviendra célèbre malgré elle. Son dernier voyage devint l'une des histoires les plus connues de la marine pour la plus grosse prise d'un navire amiral par des pirates de toute l'histoire des pirates de Tortuga à Sainte-Marie. C'est lors d'un voyage de retour depuis la ville de Goa à Malabar vers Lisbonne en Europe que le bateau connut de grandes péripéties. Cette attaque aurait pu passer presque inaperçue si à son bord il n'y avait pas eu le Vice-Roi et Gouverneur de l'état des Indes à Goa, D. Luís Carlos Inácio Xavier de Meneses, le cinquième comte d'Ericeira et premier marquis de Louriçal. Il y avait également à son bord l'archevêque de Goa Don Sebastian de Andrado. Comme nous le révèle le manuscrit écrit par D. João Fernandes de Almeida, Capitaine Général de l'armée Portugaise du Détroit du Mozambique, la mésaventure de la Nossa Senhora do Cabo est décrite avec grande précision.


Verrazone relata des passages du manuscrit expliquant comment la Nossa Senhora do Cabo fut abordée et pourquoi l'équipage ne put répliquer de manière opportune.

- "... le navire pourtant équipé pour de grandes navigations a rencontré une grande tempête à la suite de laquelle il se retrouva sans aucun mât, et faisant pas moins de sept palmes d'eau dans la cale, la canne du gouvernail fendue du sommet jusqu'à la base... rendant le bateau non manœuvrable ".

- La suite promettait d'être intéressante pour la recherche d'éléments historiques, notement la datation des éléments archéologiques.


- "... le bateau erra durant une marche de huit jours au grès des vagues, conduit par le courage et la singularité de Mr le comte d'Ericeira [...] Le risque d'émeute à bord du bateau de la part des passagers a conduit l'équipage à trouver un port au plus vite. [...] L'Isle de Mascarenhas ou Bourbon (c'est comme cela que les Français la surnomment) se présentait avec ses cinq cent lieues de hauteur devant le navire, c'était la terre la plus proche...". J'ai trouvé également dans d'autres ouvrages que le navire transportait un chargement extrêmement riche, constitué de soies, de porcelaines et d'autres marchandises exotiques que le Vice-Roi ramenait des Indes. Parmi ces biens ramenés, une énorme quantité de diamants des Indes appartenait au Vice-Roi et au Roi du Portugal lui-même.

C'est ainsi que le navire entra au port de Saint Denis de la Réunion le 6 avril 1721 afin de relâcher, l'équipage ayant subi un ouragan tropical des plus violents. L'équipage et Mr le Comte d'Ericeira descendirent à terre afin de chercher du bois dans le but de fabriquer un nouveau mât pour le bateau. L'essence de taccamaca produisait un bois dur et lourd utilisé pour les réparations. C'est pendant que le Vice-Roi et l'équipage travaillaient à terre qu'apparurent les redoutés voyous des Mers courant dans ces eaux.

Verrazone montra une gravure de la Nossa Senhora do cabo prise au piège dans la rade de Saint Denis.

- "... Deux navires apparurent à la vue des habitants du village et faisant des signes de rassemblement, Mr le Comte avec ses quelques domestiques [...] tenta de rejoindre le navire.". Les agresseurs étaient deux pirates, Taylor et la Buse. Les deux forbans naviguaient sous pavillon anglais. Se méfiant de cette ruse, le comte d'Ericeira préféra rejoindre au plus vite son navire pour accueillir les deux forbans qui naviguaient depuis l'Isle de France. L'équipage resté sur la frégate royale fut prêt à répliquer dès la vue des deux navires. Dès qu'ils mouilleront leurs ancres, les répliques commenceraient. Seulement c'était compter sans le faible armement du navire et la judicieuse attaque des deux pirates. Ils se placèrent chacun sur un bord du navire portugais la prenant en sandwich et permettant ainsi l'attaque sur deux bords du navire simultanément.


Verrazone afficha ensuite des gravures datant du XVIIIème siècle faites par un habitant de l'île lors de l'attaque de la Nossa Senhora do Cabo et reprit la narration des malheurs du navire portugais.

- "Avec un peu de retard Mr le comte arriva au navire mais déjà les balles de mousquets retentissaient. Le bateau poursuivi déversa un vrai déluge de balles en voyant les drapeaux noirs avec un crâne blanc, un signe très redoutable. [...] L'abordage de la frégate par les pirates se fit par l'invasion d'un grand peloton de personnes...". J'ai noté le grand désordre de l'attaque, treize des marins portugais se retournèrent contre leur camp lors de l'attaque et participèrent avec les pirates au pillage de leur navire, certains marins portugais se jetèrent à la mer, d'autres cherchèrent à se réfugier dans le fond de la cale. "[...] Le bateau assiégé sans plus aucune défense (le gros de l'armement ayant été perdu pendant la tempête), Mr le Comte s'efforçait de défendre son navire jusqu'à ce que son épée se brise. Les deux pirates en admiration devant tant de bravoure voulurent restituer l'épée au Vice-Roi dont la poignée était incrustée d'or et de diamants. Ce dernier refusant un traitement de faveur par rapport au reste de l'équipage, les pirates gardèrent tout le butin et pillèrent la Nossa Senhora do Cabo déjà sans mâture et transformée en terrain de combat. Les pirates détruisirent l'un des biens les plus précieux pour l'histoire : la collection des livres et écrits de la main du comte d'Ericeira. Le papier des livres fut utilisé par les pirates en guise de bagues pour leurs mousquets ".


Verrazone termina de lire la transcription du manuscrit de D. João Fernandes de Almeida.

- C'est la suite de l'histoire qui nous intéresse. Que sont devenus les navires, les pirates et le butin provenant des Indes ? La suite du manuscrit explique en partie cela. L'attaque fulgurante et sans pitié du navire par les pirates fit beaucoup de vagues des Mascareignes jusqu'à l'archipel des Sept Sœurs en passant par le canal du Mozambique. Un très grand nombre de pirates décidèrent de se ranger en bénéficiant à cette époque d'une amnistie proposée par le Roi de France. Certains des pirates s'installèrent à l'Isle de Bourbon expliquant ainsi le retour des hommes d'équipage de Levasseur en 1724. Le capitaine Olivier Levasseur se réfugia à Madagascar pour commencer une vie de pilote dans la Baie d'Antongil. Personne ne sera jugé pour ses actes jusqu'au jour où les amnisties furent suspendues et les courses commanditées par les Rois furent lancées aux trousses des derniers pirates non repentis. Le comte d'Ericeira regagna Lisbonne dans un navire français en 1723. En effet la Nossa Senhora do Cabo a été vue par les habitants témoins de la scène être remorquée par les pirates vers le port de Saint-Paul dans la partie Occidentale de l'Isle de Bourbon. Nous avons ensuite cherché le parcours qu’a suivi le navire depuis la Baie de Saint Paul. J'ai trouvé une représentation de la Nossa Senhora do Cabo au Musée National de l'Azulejo de Lisbonne. Au deuxième étage du Musée trône l'imposant "Grand panorama de Lisbonne". Cet azulejo de dimensions imposantes de 23 mètres de long représente les 14 kilomètres de rivage de Lisbonne avant le tremblement de terre de 1755.



    

Nossa senhora do Cabo
Détail du "Grande panorama de Lisboa" représentant
la Nossa Senhora do Cabo revenant des Indes (4)


grande_panorama_de_lisboa
"Grande panorama de Lisboa",
Gabriel del Barco (Atr.), séc. XVIII(c.1700) (4)


- En observant le bas de cette fresque l'on aperçoit le navire amiral de la flotte portugaise, la Nossa Senhora do Cabo portant les couleurs du Portugal de retour d'un voyage des Indes Orientales. Nous comprîmes que les pirates avaient un grand intérêt à caréner et réparer l’armement de ce navire imposant, une véritable arme d'attaque auprès des Indiamen, des navires marchands faiblement armés.

- Nous avons retenu le nom de la Nossa Senhora do Cabo comme piste principale à suivre et ceci afin de remonter sur les traces du pirates Olivier Levasseur. Cependant le brouillage des pistes est facilité par le fait que les pirates abandonnaient ou brûlaient souvent leur navire pour un meilleur parmi leurs proies et rebaptisaient le nouveau navire de l'ancien nom. Ainsi, accrochez-vous, - dit Verrazone avec un léger sourire -, le Peterborough of Bristol devint le Victory appartenant au pirate anglais John Taylor. Il fut ensuite abandonné à Madagascar en 1721. La Nossa Senhora do Cabo devint ensuite le Victorieux appartenant au pirate français Olivier Levasseur. La piste à suivre est bien celle de la Nossa Senhora do Cabo, en direction de Sainte-Marie, après l'abordage du Ville d'Ostende le 26 Avril 1721. La trace suivante laissée par la Nossa Senhora do Cabo fut l'attaque de la Duchesse de Noailles, un bateau de la Compagnie des Indes Françaises au mois de décembre 1721 dans le canal du Mozambique.

    Les registres maritimes de Lorient confirmèrent à Verrazone l'attaque de la Duchesse de Noailles en décembre 1721 par le pirate Olivier Levasseur. La Duchesse de Noailles était un navire de la Compagnie des Indes Française, réarmé à Lorient le 15 juin 1720. Ce navire de cent-quatre-vingt tonneaux et seize canons était à destination de Madagascar.

- La Duchesse de Noailles était pilotée par le capitaine Plattel et parmi l'équipage, on comptait un passager et deux soldats. Le bateau fut pris par des pirates en 1721 et c'est le passager, un écrivain qui dressa les détails de la prise : "le bateau fut pillé sans vergogne mais avec grande déception. En effet le chargement constitué essentiellement de vivres à destination de l'isle de Bourbon ne satisfit pas l'appétit d'or des pirates, ils incendièrent notre navire en prenant à leur bord une partie des vivres frais afin de lutter contre le scorbut. Certains membres de l'équipage ayant de quoi payer leur voyage de retour furent embarqués et jetés à la mer peu après. ". Les recherches historiques devinrent très intéressantes. Nous avons établi grâce à des récits de voyage que la Ville d’Ostende fut envoyée à destination de Madagascar avec à son bord des pirates et des prisonniers militaires portugais du Vice-Roi de Goa afin de faire préparer des mâts pour la Nossa Senhora do Cabo. Deux cents esclaves et la Ville d’Ostende serviraient de monnaie d'échange. Le voyage de la Ville d’Ostende ne se termina pas comme prévu, les pirates malades furent renversés par les prisonniers portugais et s'échappèrent dans la Baie de Saint Augustin au Sud-Ouest de Madagascar. Pendant ce temps, Taylor et Levasseur mirent le cap sur la baie de Saint Augustin pour rejoindre la Ville d’Ostende. C’est à cet endroit que les pirates partagèrent leur butin. Une fois le partage effectué, les pirates procédèrent à la remise en forme de la Nossa Senhora do Cabo, un carénage refait à neuf avec les canons du Victorieux et des autres navires capturés. Les charpentiers fabriquèrent des nouveaux mâts et le gouvernail fut changé. Le Victorieux, l'ex Peterborough of Bristol fut dès lors brûlé en baie de Saint Augustin où son épave gît encore. La Nossa Senhora do Cabo fut alors renommée Victorieux par Olivier Levasseur !

carte_attaque

Itinéraire probable du pirate après la l'attaque de la Nossa Senhora do Cabo.
Carte du Congo et du Pays des Cafres. Par G. De L'ISLE de l'Académie Royale des Sciences. 1708

    La construction aussi imposante du navire permit de suivre la piste du voyage du Victorieux, l'ex-Nossa Senhora do Cabo. Verrazone rechercha les récits historiques relatant les péripéties des pirates au grès des différents mouillages qu’ont pu effectuer Levasseur et Taylor.
L’indice historique suivant amena les auditeurs en avril 1722 sur la côte de Monomotapa, dans la Baie de Delagoa encore appelée la baie de la Rivière Saint-Esprit. Cette fois Ritchi Baneto pris la parole et raconta alors les aventures des deux pirates vers la ville appelée Lourenço Marques par les portugais puis rebaptisée Mapoto depuis 1975.


- L'hydrographe Hollandais Jacob de Bucquoy raconte dans un ouvrage que le Victorieux et la Cassandra mouillant de nuit en baie de Delagoa furent surpris au petit matin par des coups de canons venant du fortin Lijdzaamheid fabriqué la semaine précédente par la Compagnie des Indes Hollandaise. La Cassandra et le Victorieux ne firent qu’une bouchée du fort vu le nombre de canons à bord des deux navires et des quatre cents hommes regroupés sur les deux navires pirates. Les pirates restèrent dans ce fort pour y vivre du mois d'avril au mois d'août 1722. Le quartier-maître Taylor fit des confidences à Jacob de Bucquoy au sujet de la prise faite à l'Isle de Bourbon, un butin appartenant au Vice-Roi de Goa et à des prêtres pour un montant équivalant à dix millions d'euros actuels, en diamants, or, argent monnayé, en barres ou en lingots. Après avoir vécu quelque temps dans ce fort, Taylor et Levasseur se séparèrent. Taylor prit la Routes des Indes de l'Ouest à bord du Cassandra qui fut renommée pour l'occasion La Défense ou La Fantaisie suivant les récits. Pendant ce temps, Levasseur et son équipage devenus riches mirent le cap vers Madagascar à bord du Victorieux. Levasseur eut écho que les courses lancées contre les pirates avaient amené le Commodore Anglais Matthews à Fort Dauphin sur la côte Est de Madagascar.

- C'est à partir de ce moment que nous émettons des doutes sur l'itinéraire qu'on suivi les pirates glissa Verrazone.
- En effet reprit Baneto, Olivier Levasseur décida probablement de mettre le cap à Sainte-Marie l'île des Forbans. Le pirate et son équipage mouillèrent dans la partie occidentale de l'île, dans une baie protégée des vents, appelée communément la Baie des Forbans. Ce lieu de mouillage est aujourd'hui nommé Ambodifototra.
- Cela sera notre point de départ pour les fouilles que nous mèneront de juin à septembre lança enthousiaste Francesca.

Ritchi Baneto appuya l'enthousiasme de Francesca par une description des lieux des fouilles.

- La baie au fond sablonneux d'Ambodifototra était d'un accès aisé de par les alizés toujours présents. Le fond sablonneux de quinze brasses environ permit le mouillage du Victorieux dans de bonnes conditions. La première spécialité de Sainte-Marie au XVIIIème siècle était la culture du riz pour laquelle de nombreux navires de ravitaillement venaient faire le plein. La deuxième spécialité était la piraterie, le repère de tous les forbans croisant en Mer du Sud, et surtout dans les Mascareignes. Une fois pris leur butin, les pirates allaient le dépenser sur les différentes îles des Mascareignes. Sainte-Marie devint un véritable repère de pirates et plusieurs mirent là leur butin de côté.

La conférence de Francesca Verrazone et de Ritchi Baneto s'acheva par le retour des questions.

- Pour en revenir à ma question précédente Melle Verazonne, repris Tomaso Casavalle, propriétaire de plusieurs journaux dont la Revue d'Archeologie où publie Francesca, nous ne voyons pas beaucoup d'éléments concrets permettant l'identification formelle de l'épave de Sainte-Marie de Madagascar comme étant celle de la Nossa Senhora do Cabo.

- Et bien, comme vous le savez, nous avons retracé historiquement les déplacements et rencontres que la Nossa Senhora do Cabo a pu faire avant de s'échouer, nous avons déterminé un lieu en l'ilet de Sainte-Marie comme le lieu le plus probable du lieu d'échouage.

- Quelles pièces de valeurs historiques pensez vous trouver lors de ses fouilles ?

- D'après le registre du port de Goa, la Nossa Senhora do Cabo transportait pour environ trois-cent-soixante-quinze mille livres sterling de marchandises précieuses, or et diamants travaillés ou bruts. Les pirates se partageant le butin reçurent chacun quatre mille livres et quarante-deux diamants. Un fameux diamant de 426 carats brut, jadis découvert en 1698 dans la mine de Partoul au royaume de Golkonda dans l'Andhra Pradesh, en Inde du sud aurait été embarqué en 1721 sur la Nossa Senhora do Cabo au Comptoir Portugais de Goa. Ce diamant surpassait en beauté et en poids tous les diamants jusqu'alors connus en Occident, il était une pièce unique dans le monde et de valeur inestimable, son prix aurait rendu ce diamant inaccessible à la couronne de France.

- Les yeux de Tomaso Casavalle pétillaient devant les dollars qui commençaient à s'afficher dans ses yeux.

- Nous avons reçu l'année dernière de votre confrère Ritchie Baneto une pièce de bois prélevée sur les lieux de fouilles, celle-ci ne semble pas indiquer par sa datation qu'il puisse s'agir de l'épave de la Nossa Senhora do Cabo, êtes vous sûr d'avoir localisé à Saint-Marie la bonne épave ?

La réponse définitive arriva de Giuseppe Verrazone prenant la défense de sa fille:


- La determination du Terminus Post quem se fera à partir de l'ensemble des éléments que nous prélèverons sur place, nous comptons trouver des pièces de monnaie et porcelaines. Le mobilier archéologique nous confirmera ou pas de la nature et l'origine de cette épave.

La réponse technique coupa la verve de Tomaso Casavalle. Giuseppe Verrazone connaissait bien le personnage depuis le temps, plus obsédé par l'argent que par les considérations archéologiques, le directeur des fouilles étaient soumis à la pression de certaines sociétés privées d'exploitation sous-marines qui s'affranchissaient de permis et autorisation pour remonter des pièces archéologiques. Giuseppe Verrazone ne supportait pas ces mentalités perverties et continuer de se battre pour préserver l'intérêt scientifique et historique des missions d'explorations.


Sources des illustrations :
(1) : source : Les Archives Nationales Portugaises de la Torre do Tombo. LISBOA - Portugal
(2) : source : National Maritime Museum, London : http://collections.rmg.co.uk/
(3) : source : http://www.marinha.pt
(4) : source : Museu Nacional do Azulejo, http://www.marinha.pt
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